Samedi, 15 Mai 2010 08:30
On pensait que l’hymne du Mondial 2010 n’avait pas été composé sur le continent africain. Erreur : le refrain de la chanson de Shakira, « Waka Waka, Time for Africa », provient d’un tube camerounais des années 1980. Les ayants droit viennent d’être dédommagés.
Comme Soul Makossa de Manu Di Bango, repris par Michael Jackson et Rihanna, il s’agissait donc bien d’un « plagiat ». Waka Waka, Time for Africa, l’hymne de la Coupe du monde de football, dont la chanteuse colombienne Shakira s’attribuait la paternité, est en réalité largement inspirée de Zangalewa, un tube camerounais sorti en 1986.
Issue du premier des quatre albums du groupe Golden Sounds, formé en 1984 par des musiciens-gendarmes de la garde présidentielle (puis rebaptisé Zangalewa), la chanson avait fait fureur dans toute l’Afrique centrale.
Un succès qui devait tout autant au rythme et au refrain (« Zamina mina éé waka waka éh éh zamina mina zangualewa a nawa ah ah ! »), qu’à l’aspect comique du clip. Les artistes y défilaient en tenue militaire, grimés, avec des ventres ballonnés et des casques coloniaux sur la tête. « Nous chantions ainsi pour la liberté en Afrique », a expliqué Jean-Paul Zé Bella, le leader du groupe, à la retraite depuis dix ans.
Mais le titre n’a pas d’auteur connu. « Il provient des tirailleurs camerounais qui avaient créé un argot pour mieux communiquer entre eux durant la Seconde Guerre mondiale, reprend Jean-Paul Zé Bella. Nous sommes donc les premiers arrangeurs compositeurs de cette chanson qui peut être considérée comme faisant partie du patrimoine national militaire camerounais. Les propriétaires des droits sont les membres du groupe, c’est-à-dire Victor Dooh Belley, moi et Emile Kojidie. » C’est d’ailleurs ce dernier, installé aux États-Unis depuis quinze ans, qui a signalé à ses amis l’adaptation de leur chanson. Et saisi un avocat pour obtenir réparation.
La reformation du groupe est envisagée
Lors d’une conférence de presse à Douala le 11 mai, le groupe, qui sommeillait depuis une décennie, a indiqué qu’il avait trouvé un arrangement avec Sony Music, qui produit le titre. Un arrangement dont ni la nature, ni le montant n’ont été dévoilés. « Il y a eu un accord. Le groupe n’a pas été pas lésé », a déclaré Didier Edo, le manager, en se frottant les mains. Car les négociations se poursuivent, une version espagnole de Zangalewa étant envisagée. Et le groupe pense désormais se reformer.
La polémique naissante étant désamorcée – « Ce n’est pas un plagiat, mais plutôt une adaptation », note, consensuel, Didier Edo – les Camerounais savourent désormais pleinement le fait qu’une chanson de leur patrimoine ait été choisie par la Fifa pour le premier Mondial organisé sur le continent. Dans les cybercafés, chacun écoute avec curiosité les deux versions de Zangalewa. Et nombreux sont les supporteurs des Lions indomptables qui voient dans cette affaire un augure favorable pour la compétition. « Pour moi, c’est un signe important de bonheur pour le Cameroun par rapport à cet événement. Et on dit que les signes ne trompent pas… » sourit Jean-Paul Zé Bella.